Le paysage automobile mondial connaît une transformation radicale avec l’émergence des véhicules électriques. Cette mutation, motivée par les défis environnementaux et les avancées technologiques, redessine l’ensemble du secteur automobile. Loin d’être une simple évolution, les innovations dans ce domaine représentent une véritable rupture avec les modèles traditionnels. Des batteries de nouvelle génération aux infrastructures de recharge intelligentes, en passant par les avancées en matière d’autonomie et de connectivité, le véhicule électrique moderne incarne la convergence de multiples technologies disruptives. Cette dynamique d’innovation s’accélère tandis que constructeurs historiques et nouveaux entrants rivalisent d’ingéniosité pour conquérir un marché en pleine expansion.
La révolution des batteries : autonomie et performance en hausse
La batterie constitue sans conteste le cœur technologique des véhicules électriques. Les progrès réalisés dans ce domaine transforment radicalement les performances et l’attrait de ces véhicules. Au centre de cette évolution se trouvent les batteries lithium-ion, qui ont connu des améliorations spectaculaires en termes de densité énergétique. Alors qu’en 2010, ces batteries offraient typiquement 100-150 Wh/kg, les versions actuelles atteignent 250-300 Wh/kg, doublant ainsi l’autonomie à taille égale.
Les chimies alternatives constituent une piste majeure d’innovation. Les batteries lithium-soufre promettent une densité énergétique théorique cinq fois supérieure aux batteries lithium-ion traditionnelles. Bien que confrontées à des défis de durabilité, plusieurs startups comme Oxis Energy et Sion Power réalisent des avancées significatives. Parallèlement, les batteries solid-state (à électrolyte solide) représentent une avancée potentiellement décisive. Ces batteries remplacent l’électrolyte liquide par un matériau solide, offrant une sécurité accrue, une charge plus rapide et une densité énergétique supérieure.
Des entreprises comme QuantumScape, soutenue par Volkswagen, annoncent des prototypes prometteurs avec une augmentation de la densité énergétique de 80% par rapport aux meilleures batteries actuelles. Toyota a dévoilé sa propre technologie solid-state, prévue pour une commercialisation vers 2025, promettant une recharge en 10 minutes et une autonomie doublée.
Vers une production plus durable
L’extraction des matériaux pour les batteries traditionnelles pose d’importants défis environnementaux et éthiques. Le cobalt, en particulier, provient souvent de régions aux pratiques minières controversées. Face à cette problématique, les fabricants développent des batteries sans cobalt ou à teneur réduite. Tesla et CATL ont annoncé des batteries LFP (Lithium Fer Phosphate) sans cobalt pour leurs véhicules d’entrée de gamme, tandis que Panasonic travaille sur des cathodes à haute teneur en nickel réduisant drastiquement le besoin en cobalt.
Le recyclage des batteries devient par ailleurs un axe majeur d’innovation. Des entreprises comme Redwood Materials, fondée par l’ancien directeur technique de Tesla, développent des processus permettant de récupérer jusqu’à 95% des matériaux critiques des batteries usagées. Northvolt, en Suède, construit des usines intégrant directement le recyclage dans le processus de fabrication, créant ainsi une économie circulaire pour les batteries.
La durée de vie des batteries s’allonge considérablement grâce à des avancées dans la gestion thermique et les systèmes de contrôle. Les batteries modernes conservent maintenant plus de 80% de leur capacité après 1000 cycles de charge, contre environ 500 cycles il y a une décennie. Cette longévité accrue réduit le coût total de possession et améliore l’empreinte environnementale des véhicules électriques.
- Augmentation de la densité énergétique : de 100-150 Wh/kg à 250-300 Wh/kg en une décennie
- Technologies émergentes : batteries solid-state, lithium-soufre, sodium-ion
- Réduction de la dépendance aux matériaux critiques : batteries sans cobalt
- Amélioration de la recyclabilité : jusqu’à 95% des matériaux récupérables
Infrastructures de recharge : vers un réseau omniprésent et intelligent
L’expansion des infrastructures de recharge représente un facteur déterminant pour l’adoption massive des véhicules électriques. Au-delà de la simple multiplication des points de charge, nous assistons à une sophistication croissante de ces réseaux. La recharge ultrarapide constitue l’une des avancées les plus significatives. Les chargeurs de nouvelle génération, comme ceux du réseau Ionity en Europe ou les Superchargers V3 de Tesla, délivrent jusqu’à 350 kW de puissance, permettant de recharger 80% de la batterie d’un véhicule compatible en 15-20 minutes seulement.
Les technologies de recharge sans fil gagnent en maturité, avec des projets pilotes déployés dans plusieurs villes mondiales. À Oslo, des taxis électriques se rechargent par induction pendant leurs arrêts aux stations. En Suède, des routes électrifiées permettent la recharge dynamique des véhicules en mouvement. Ces innovations réduisent considérablement les contraintes liées à l’autonomie et simplifient l’expérience utilisateur.
L’intégration des énergies renouvelables constitue une autre dimension majeure. Des stations de recharge alimentées par énergie solaire ou éolienne émergent, rendant l’écosystème véritablement propre. Fastned, aux Pays-Bas, déploie des stations de recharge rapide couvertes de panneaux solaires, tandis que Tesla annonce que tous ses Superchargers seront alimentés par des énergies renouvelables.
L’intelligence au service de la recharge
Les réseaux de recharge deviennent de plus en plus intelligents, optimisant leur fonctionnement grâce à l’analyse de données et l’intelligence artificielle. Les systèmes de recharge bidirectionnelle (V2G, Vehicle-to-Grid) transforment les flottes de véhicules électriques en ressources énergétiques distribuées. Cette technologie permet aux véhicules non seulement de consommer de l’électricité mais aussi d’en réinjecter dans le réseau lors des pics de demande.
À Utrecht, aux Pays-Bas, un projet pilote impliquant 500 bornes bidirectionnelles démontre comment les véhicules électriques peuvent servir de batteries tampons pour le réseau. Au Royaume-Uni, OVO Energy a lancé un programme permettant aux propriétaires de véhicules compatibles de vendre l’électricité de leur batterie au réseau pendant les heures de pointe, générant jusqu’à 800€ de revenus annuels.
Les systèmes de réservation et de planification intelligente optimisent l’utilisation des infrastructures. Des applications comme Chargemap ou PlugShare permettent non seulement de localiser les bornes disponibles mais aussi de les réserver à l’avance et de planifier des trajets optimisés en fonction de l’autonomie du véhicule et des points de recharge disponibles.
L’interopérabilité progresse, avec des initiatives comme ROEV (Roaming for EV Charging) aux États-Unis ou Hubject en Europe, qui permettent aux conducteurs d’accéder à différents réseaux avec un seul compte. Ces avancées simplifient considérablement l’expérience utilisateur, éliminant la nécessité de jongler entre multiples abonnements et applications.
- Puissance de charge : évolution des standards de 50 kW à 350 kW
- Recharge sans fil : déploiement de projets pilotes pour taxis et transports publics
- Technologies V2G : transformation des véhicules en ressources énergétiques
- Interopérabilité : simplification de l’accès aux différents réseaux de recharge
Motorisation et efficience : l’optimisation à tous les niveaux
Les moteurs électriques connaissent des améliorations constantes, repoussant les limites d’efficience et de performance. Contrairement aux moteurs thermiques dont le rendement plafonne autour de 40%, les moteurs électriques modernes atteignent des rendements supérieurs à 95%. Cette efficacité exceptionnelle permet d’optimiser l’utilisation de l’énergie stockée dans les batteries.
Les moteurs à flux axial représentent une innovation majeure dans ce domaine. Ces moteurs, plus compacts et plus légers que les moteurs à flux radial traditionnels, offrent une densité de puissance supérieure. Des entreprises comme YASA (rachetée par Mercedes-Benz) ont développé des moteurs à flux axial générant jusqu’à 5 kW/kg, contre 3 kW/kg pour les meilleurs moteurs conventionnels. Cette avancée permet de réduire le poids des véhicules tout en augmentant leur puissance.
L’élimination des terres rares dans les moteurs électriques constitue un autre axe d’innovation. Ces matériaux, principalement extraits en Chine, posent des défis géopolitiques et environnementaux. BMW a annoncé une nouvelle génération de moteurs sans terres rares pour sa plateforme Neue Klasse, tandis que Tesla utilise déjà des moteurs à induction sans terres rares pour certains modèles.
Systèmes de récupération d’énergie avancés
Les systèmes de récupération d’énergie au freinage atteignent des niveaux d’efficacité inédits. Les véhicules modernes comme la Porsche Taycan peuvent récupérer jusqu’à 265 kW lors des phases de décélération, transformant l’énergie cinétique en électricité. Cette caractéristique augmente significativement l’autonomie en usage urbain et péri-urbain.
Le freinage régénératif adaptatif, piloté par intelligence artificielle, optimise la récupération d’énergie en fonction des conditions de circulation, de la topographie et même des habitudes du conducteur. Des systèmes comme le One Pedal Driving de Nissan ou le Smart Regeneration System de Hyundai ajustent automatiquement le niveau de régénération pour maximiser l’efficience tout en offrant une expérience de conduite fluide.
Les pompes à chaleur de nouvelle génération améliorent considérablement l’efficacité énergétique des systèmes de chauffage et de climatisation. Ces systèmes, désormais présents dans la plupart des véhicules électriques haut de gamme, réduisent la consommation liée au contrôle de la température de l’habitacle jusqu’à 30% par rapport aux résistances électriques traditionnelles. Volkswagen a introduit une pompe à chaleur innovante dans l’ID.4 qui maintient ses performances même par températures négatives extrêmes.
L’aérodynamisme fait l’objet d’une attention particulière dans la conception des véhicules électriques modernes. La Mercedes EQS affiche un coefficient de traînée (Cx) de seulement 0,20, établissant un nouveau record mondial pour un véhicule de série. Cette excellence aérodynamique se traduit par un gain d’autonomie pouvant atteindre 10% à vitesse d’autoroute.
- Rendement des moteurs électriques : supérieur à 95%
- Moteurs à flux axial : augmentation de la densité de puissance de 40-50%
- Récupération d’énergie : jusqu’à 265 kW de puissance de régénération
- Aérodynamisme : réduction du Cx de 0,30 à 0,20 en une décennie
Connectivité et autonomie : l’intelligence embarquée
Les véhicules électriques modernes se distinguent par leur niveau avancé de connectivité et d’intelligence embarquée. Loin d’être de simples moyens de transport, ils se transforment en plateformes technologiques intégrées au monde numérique. L’architecture électronique des véhicules connaît une mutation profonde, passant d’une multitude d’unités de contrôle spécialisées à des systèmes centralisés de haute performance.
Les architectures informatiques centralisées révolutionnent l’approche traditionnelle. Tesla a ouvert la voie avec son ordinateur central FSD (Full Self-Driving), capable de traiter jusqu’à 144 TOPS (trillions d’opérations par seconde). Volvo et Polestar adoptent des architectures similaires avec leur plateforme basée sur Android Automotive. Cette centralisation facilite les mises à jour logicielles à distance (OTA, Over-The-Air) qui peuvent ajouter de nouvelles fonctionnalités ou améliorer les performances existantes.
Les systèmes d’aide à la conduite (ADAS) atteignent des niveaux de sophistication sans précédent. Des capteurs multiples (caméras, radars, lidars, ultrasons) couplés à des algorithmes d’intelligence artificielle permettent une perception de l’environnement de plus en plus précise. La Xpeng P7 intègre 14 caméras, 5 radars et 12 capteurs ultrasoniques pour alimenter son système NGP (Navigation Guided Pilot), capable de gérer automatiquement les changements de voie et les sorties d’autoroute.
L’expérience utilisateur réinventée
L’interface homme-machine évolue radicalement, avec des écrans tactiles géants qui remplacent les tableaux de bord traditionnels. Le Mercedes Hyperscreen s’étend sur 141 cm de large, couvrant presque toute la largeur de l’habitacle. Ces interfaces intuitives s’adaptent aux préférences de l’utilisateur grâce à l’apprentissage automatique, anticipant ses besoins selon le contexte.
Les assistants vocaux deviennent de plus en plus naturels et capables. Le système MBUX de Mercedes comprend les commandes en langage naturel dans 27 langues, tandis que l’assistant de NIO, baptisé NOMI, utilise une interface robotique avec expressions faciales pour une interaction plus humaine. Ces systèmes peuvent contrôler non seulement les fonctions du véhicule mais aussi interagir avec l’écosystème connecté du conducteur – domicile intelligent, calendrier, préférences musicales.
L’intégration avec les infrastructures urbaines intelligentes ouvre de nouvelles possibilités. À Singapour, un projet pilote permet aux véhicules électriques de communiquer avec les feux de circulation pour optimiser leur consommation énergétique. À Shanghai, certaines voitures NIO peuvent interagir avec les systèmes de stationnement intelligents pour localiser et réserver automatiquement des places disponibles.
La cybersécurité devient une préoccupation majeure face à ces véhicules de plus en plus connectés. Des entreprises comme Upstream Security et Karamba Security développent des solutions spécifiques pour protéger les véhicules contre les cyberattaques. Volkswagen a créé une division dédiée à la cybersécurité automobile, collaborant avec des experts en sécurité informatique pour garantir la protection de ses véhicules connectés.
- Puissance de calcul embarquée : augmentation de 50x en 5 ans
- Capteurs ADAS : jusqu’à 30 capteurs différents par véhicule
- Mises à jour OTA : ajout de fonctionnalités post-achat
- Assistants vocaux : compréhension du langage naturel dans plus de 25 langues
Nouveaux modèles d’affaires et écosystèmes
L’électrification des véhicules catalyse l’émergence de modèles d’affaires innovants, transformant profondément la relation entre constructeurs, utilisateurs et services. Cette métamorphose dépasse la simple substitution de motorisation pour redéfinir l’ensemble de l’expérience de mobilité.
Les services d’abonnement gagnent en popularité, remplaçant l’achat traditionnel. Volvo propose son programme « Care by Volvo » qui inclut, pour un paiement mensuel unique, le véhicule, l’assurance, l’entretien et même le remplacement régulier par des modèles plus récents. Nio, en Chine, va plus loin avec son modèle « Battery as a Service » (BaaS) qui dissocie l’achat du véhicule de celui de la batterie. Les clients achètent le véhicule sans batterie (réduisant le prix initial de 20-30%) et s’abonnent à un service de batteries interchangeables.
Les écosystèmes énergétiques intégrés représentent une évolution majeure. Tesla a créé un écosystème complet comprenant véhicules, stockage domestique (Powerwall), production solaire et réseau de recharge. Des entreprises comme Octopus Energy au Royaume-Uni proposent des tarifs d’électricité spécifiques pour véhicules électriques, avec des prix dynamiques qui encouragent la recharge pendant les périodes de faible demande ou de forte production renouvelable.
Monétisation des données et services numériques
La monétisation des données générées par les véhicules ouvre de nouvelles perspectives économiques. Un véhicule électrique moderne génère jusqu’à 25 Go de données par heure, créant des opportunités pour services personnalisés et analyse prédictive. Wejo, partenaire de General Motors, valorise ces données pour l’optimisation du trafic urbain, la planification d’infrastructures ou l’assurance basée sur l’usage réel.
Les fonctionnalités à la demande transforment la personnalisation des véhicules. Au lieu d’options figées à l’achat, les constructeurs proposent des fonctionnalités activables temporairement ou définitivement via des achats intégrés. BMW expérimente ce modèle avec des options comme les sièges chauffants ou l’assistance au maintien de voie, disponibles par abonnement mensuel ou annuel. Audi propose des phares Matrix LED activables après l’achat dans certains marchés.
Les plateformes de mobilité intégrée fusionnent différents modes de transport en une expérience fluide. Volkswagen, à travers sa filiale MOIA, développe un écosystème combinant véhicules électriques partagés, transports publics et micromobilité. L’application permet de planifier, réserver et payer un trajet multimodal avec une seule interface. À Helsinki, le service Whim pousse ce concept encore plus loin avec des forfaits mensuels donnant accès à tous les modes de transport de la ville.
La seconde vie des batteries crée de nouvelles opportunités économiques. Après avoir perdu 20-30% de leur capacité initiale, les batteries de véhicules électriques restent parfaitement adaptées pour des applications de stockage stationnaire. Renault utilise des batteries de Zoe reconditionnées pour stocker l’énergie produite par les panneaux solaires de ses usines. Nissan déploie des batteries de Leaf usagées pour alimenter l’éclairage public à Namie, au Japon, créant ainsi une nouvelle chaîne de valeur.
- Services par abonnement : réduction des coûts initiaux jusqu’à 40%
- Fonctionnalités à la demande : transformation du modèle économique des options
- Seconde vie des batteries : extension de la durée d’utilisation de 10-15 ans
- Écosystèmes intégrés : convergence des secteurs automobile et énergétique
Perspectives d’avenir : au-delà de l’électrification actuelle
L’horizon des véhicules électriques s’étend bien au-delà des innovations actuelles, avec des technologies émergentes qui pourraient transformer radicalement notre conception de la mobilité électrique. Ces avancées, aujourd’hui au stade de recherche ou de prototype, dessinent les contours d’une nouvelle génération de véhicules plus performants, durables et intégrés à leur environnement.
Les batteries structurelles représentent une approche révolutionnaire dans la conception des véhicules électriques. Au lieu d’être un composant distinct ajouté au châssis, la batterie devient partie intégrante de la structure du véhicule. Tesla a introduit ce concept avec ses cellules 4680 et sa technologie de « pack structurel ». Cette approche réduit le poids total du véhicule jusqu’à 10% tout en améliorant la rigidité. BYD pousse ce concept encore plus loin avec sa technologie Cell-to-Body, qui intègre directement les cellules dans les éléments structurels du véhicule.
Les supercondensateurs et systèmes hybrides de stockage d’énergie préfigurent une évolution majeure. Ces dispositifs, capables de se charger et se décharger très rapidement, complémentent idéalement les batteries traditionnelles. La startup Skeleton Technologies développe des supercondensateurs à base de graphène offrant une densité énergétique quadruple des modèles actuels. Lamborghini a déjà adopté cette technologie dans son modèle Sián, combinant un moteur V12 avec un système électrique alimenté par supercondensateurs.
Technologies de rupture en développement
La recharge sans contact en mouvement pourrait éliminer l’anxiété d’autonomie. Des projets comme ElectReon en Israël et Electreon en Suède développent des routes capables de recharger les véhicules pendant qu’ils roulent. Un tronçon test de 2 km à Gotland permet déjà à des bus électriques de se recharger en circulation. Aux États-Unis, le Département des Transports a lancé un programme de 15 millions de dollars pour développer cette technologie sur certaines autoroutes.
Les carrosseries photovoltaïques intégrées transforment la surface du véhicule en source d’énergie. Contrairement aux panneaux solaires additionnels, ces technologies intègrent les cellules photovoltaïques directement dans la peinture ou les panneaux de carrosserie. Sono Motors avec sa Sion propose 248 cellules solaires intégrées générant jusqu’à 245 km d’autonomie supplémentaire par semaine dans des conditions optimales. Toyota teste des cellules photovoltaïques à haut rendement (conversion >34%) sur une version modifiée de la Prius, capable de produire 860W en conditions optimales.
Les matériaux biosourcés et circulaires redéfinissent la durabilité des véhicules électriques. Ford utilise des fibres de bambou et du plastique recyclé des océans dans son Mustang Mach-E. Polestar s’est engagé à créer un véhicule entièrement neutre en carbone d’ici 2030 avec son projet Polestar 0, en repensant chaque composant depuis la matière première jusqu’au recyclage. Ces approches réduisent l’empreinte environnementale bien au-delà de la simple élimination des émissions à l’échappement.
L’intelligence artificielle générative commence à transformer la conception même des véhicules. Volkswagen utilise des algorithmes d’IA pour optimiser la forme des composants structurels, réduisant leur poids tout en maintenant ou améliorant leur résistance. General Motors emploie des techniques similaires pour la conception thermique des batteries, permettant d’identifier des configurations optimales qu’un ingénieur humain n’aurait pas envisagées. Cette approche accélère considérablement le cycle de développement tout en améliorant les performances.
- Batteries structurelles : réduction du poids des véhicules jusqu’à 10%
- Routes à induction : recharge en mouvement jusqu’à 70 kW
- Carrosseries photovoltaïques : génération de 5-25 km d’autonomie quotidienne
- IA générative : réduction des cycles de conception de 50%
L’ère de la mobilité électrique : défis et opportunités
L’accélération de l’adoption des véhicules électriques s’accompagne de défis substantiels mais aussi d’opportunités transformatrices pour l’ensemble de la société. Cette transition énergétique dans la mobilité représente bien plus qu’un changement technologique – elle constitue une reconfiguration profonde de nos infrastructures, de nos habitudes et de notre relation à l’énergie.
L’accessibilité économique reste un obstacle majeur à l’adoption massive. Malgré une baisse continue, le surcoût initial des véhicules électriques par rapport à leurs équivalents thermiques demeure significatif. Néanmoins, la parité des coûts se profile à l’horizon 2025-2027 selon BloombergNEF, grâce à l’économie d’échelle et aux avancées technologiques. Les batteries, qui représentent 30-40% du coût d’un véhicule électrique, ont vu leur prix chuter de 89% entre 2010 et 2022, passant de 1100$/kWh à environ 120$/kWh.
Les chaînes d’approvisionnement en matériaux critiques constituent un défi géopolitique majeur. Le lithium, le nickel, le cobalt et les terres rares sont concentrés dans quelques pays, créant des vulnérabilités stratégiques. Face à cette situation, une diversification des sources s’opère : l’extraction du lithium se développe en Europe (Portugal, Allemagne) et aux États-Unis (Nevada, Caroline du Nord). Des technologies alternatives comme les batteries sodium-ion, développées par CATL et Faradion, pourraient réduire la dépendance au lithium.
Transformation des compétences et de l’emploi
La transformation de l’emploi dans l’industrie automobile représente un enjeu sociétal majeur. Un véhicule électrique contient environ 200 pièces mobiles contre 2000 pour un véhicule thermique, réduisant les besoins en maintenance. Bosch, équipementier majeur, estime que la transition vers l’électrique pourrait affecter 15% des emplois actuels dans l’industrie. Parallèlement, de nouveaux métiers émergent autour des batteries, des logiciels et des services de mobilité.
Des programmes de reconversion professionnelle se multiplient. Renault a transformé son usine de Flins en « Re-Factory » dédiée à l’économie circulaire, préservant 3000 emplois. Volkswagen a créé une académie de formation aux technologies électriques pour ses employés, avec plus de 80 000 sessions de formation dispensées depuis 2019.
L’intégration au réseau électrique pose des défis techniques mais ouvre des opportunités considérables. Une adoption massive des véhicules électriques pourrait augmenter la demande électrique nationale de 10-15% d’ici 2040. Cette pression sur les réseaux nécessite des investissements dans les infrastructures mais crée aussi des opportunités pour la flexibilité énergétique. Au Danemark, le projet Parker a démontré comment une flotte de véhicules électriques peut stabiliser le réseau en absorbant les fluctuations des énergies renouvelables.
Les zones rurales et périurbaines présentent des défis spécifiques pour l’électrification. Les longues distances et la faible densité de population compliquent le déploiement d’infrastructures de recharge rentables. Des solutions innovantes émergent : en France, le programme Advenir subventionne l’installation de bornes dans les communes rurales; en Norvège, des stations multiénergies combinant recharge rapide, hydrogène et biocarburants assurent une transition progressive.
- Réduction du coût des batteries : -89% entre 2010 et 2022
- Emplois dans l’industrie automobile : transformation de 15-20% des postes actuels
- Impact sur le réseau électrique : augmentation de la demande nationale de 10-15% d’ici 2040
- Maintenance réduite : 60% moins d’opérations d’entretien sur la durée de vie du véhicule
La mobilité électrique s’impose progressivement comme le nouveau standard, portée par une dynamique d’innovation sans précédent. Les avancées technologiques dans les batteries, les infrastructures de recharge et les systèmes embarqués transforment radicalement l’expérience utilisateur tout en réduisant l’empreinte environnementale des transports. De nouveaux modèles économiques émergent, redéfinissant la relation entre constructeurs, utilisateurs et services énergétiques.
Cette transition n’est pas sans défis – accessibilité économique, adaptation des réseaux électriques, transformation de l’emploi – mais chacun d’eux génère des opportunités d’innovation et de création de valeur. Les technologies en développement, de la recharge sans contact aux batteries structurelles, laissent entrevoir une nouvelle génération de véhicules encore plus performants et intégrés à leur environnement.
Au-delà des aspects technologiques, cette évolution représente une reconfiguration profonde de notre rapport à la mobilité, plus durable, plus connectée et plus adaptative. Les véhicules électriques ne sont pas simplement des voitures sans émissions – ils constituent les premiers éléments d’un écosystème énergétique et digital intégré, préfigurant une mobilité réinventée pour le XXIe siècle.
